En pleine pandémie de Covid-19 et malgré les mesures de confinement, l’Ordre de Malte Liban poursuit son action humanitaire auprès des personnes démunies et multiplie ses activités de soins de santé, dans le respect des recommandations de protection de l’OMS et du ministère de la Santé.
Comme un étendard d’espoir, la croix de l’Ordre de Malte, dans son blason rouge repérable à des kilomètres, sillonne sans relâche et contre vents et marées les routes du territoire libanais jusque dans ses régions les plus reculées, pour aller vers les plus souffrants et leur apporter un soutien essentiel en ces temps tourmentés.
En effet, malgré les mesures de confinement imposées à la population, l’Ordre de Malte, dans le respect de sa devise « Je ne te demande ni ta race, ni ta couleur, ni ta religion, mais dis-moi quelle est ta souffrance », poursuit son action humanitaire, sans distinction aucune, auprès des plus démunis, et ils sont nombreux, notamment suite aux crises économique et sanitaire que subit le pays.
Car si le coronavirus est actuellement l’ennemi n° 1 à combattre, les autres maladies ne sont pas en reste, et il est primordial, aujourd’hui plus que jamais, d’assurer les soins de santé indispensables aux malades, notamment chroniques.
Services gratuits des UMM
À travers ses 4 unités médicales mobiles (UMM) qui circulent au Liban-Nord, au Liban-Sud et dans la Békaa – en attendant la mise en place de 3 autres d’ici à la fin de l’année –, l’Ordre de Malte Liban se rend auprès des populations les plus nécessiteuses et leur prodigue gratuitement les soins de santé dont ils ont besoin. Ces UMM n’ont interrompu leur activité que quelques jours, au début de la pandémie, le temps de s’équiper selon le protocole de protection contre le Covid-19, avant de se lancer de plus belle dans les zones vulnérables du pays, et ce en totale coordination avec les différentes municipalités concernées.
Pour gérer les quelque 120 patients que reçoit quotidiennement chaque unité médicale mobile, les équipes soignantes ont mis en place un système de filtrage à l’entrée de l’UMM, afin de les catégoriser selon leurs demandes. Ceux qui viennent se fournir à la pharmacie reçoivent leur lot de médicaments à l’extérieur de l’UMM. Seuls les cas qui nécessitent une consultation sont reçus dans l’unité médicale, et cela après s’être pliés à la procédure de prise de température, désinfection et port de masque et gants. À ce jour, aucun cas de Covid-19 n’a encore été détecté ; si c’était le cas, celui-ci serait référé aux autorités compétentes.
La misère rampante a multiplié le nombre de nécessiteux qui viennent se faire traiter par les UMM. Saleh, quadragénaire de Jabboulé (Békaa) et père de 3 enfants, relate : « Dès le début de la crise du coronavirus, je me suis retrouvé au chômage. Je ne peux plus payer mon loyer ni la pharmacie… C’est à peine si j’arrive à nourrir mes enfants. Cette situation est catastrophique, elle nous étouffe… » Sa voix se brise, il est au bord des larmes. Mais il se reprend : « Nous sommes extrêmement reconnaissants à l’Ordre de Malte de nous assurer, à travers son UMM, les médicaments dont nous avons besoin. »
Rawia, 39 ans, vit avec sa mère, âgée et diabétique, et souffre elle-même de tension artérielle. « Je travaillais dans un restaurant, explique-t-elle, mais la situation s’est graduellement détériorée, et je suis sans travail depuis l’automne. Nous sommes acculées, ma mère et moi, à vivre de l’aumône des gens. Grâce à Dieu, l’Ordre de Malte nous fournit gracieusement une grande partie des médicaments dont nous avons besoin. »
En parallèle et dans un souci d’information vitale depuis le début de la pandémie, le personnel des UMM, au fil de ses déplacements, en profite pour mener des campagnes de sensibilisation et d’éducation auprès des populations les plus indigentes, et donc les moins informées.
Centres médico-sociaux et téléconsultations
L’action de l’Ordre de Malte rayonne par ailleurs grâce à ses 10 centres médico-sociaux disséminés sur l’ensemble du territoire libanais, et qui continuent d’assurer les principaux services médicaux (médecine générale, pédiatrie, cardiologie, gynécologie) de même que le suivi médical et la provision en médicaments pour les patients souffrant de maladies chroniques, à travers une pharmacie qui fonctionne à plein régime. Seules les activités paramédicales et la dentisterie ont été suspendues.
Afin de pouvoir poursuivre les consultations dans le respect des instructions de distanciation sociale, une hotline a été mise en place dans chacun des centres, facilitant le maintien du contact entre les patients et les médecins et encourageant même, quand le cas le permet, les téléconsultations.
Pour recevoir les patients, les centres ont eux aussi adopté les mesures nécessaires à travers une discipline collective et une application stricte des instructions de protection, suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé et du ministère de la Santé publique, auquel l’Ordre de Malte Liban est lié à travers une convention signée avec la République libanaise. Ces instructions incluent les mesures d’hygiène, le protocole d’accueil du patient, la conduite à tenir si le patient montre des signes cliniques, la désinfection des surfaces de travail, locaux et véhicules, et enfin un roulement pour assurer une permanence regroupant le moins de monde possible au sein des centres.
Maintenir le contact humain
Les centres de jour pour les personnes du 3e âge ont pour leur part dû fermer leurs portes par mesure de précaution et pour préserver nos aînés, particulièrement fragiles en cette période de pandémie. Le contact est cependant maintenu avec tous, et des visites à domicile sont effectuées régulièrement auprès de ceux d’entre eux qui sont malades, notamment s’ils habitent dans des régions éloignées.
Ce contact humain, si vilipendé en ces temps de confinement, reste pourtant l’élément-clé de l’action de l’Ordre de Malte. Comme l’affirme un des médecins : « Notre mission est aujourd’hui plus essentielle que jamais, et aucun virus ne nous empêchera de la poursuivre auprès des plus vulnérables d’entre nous. » Un hommage particulier doit être rendu, une fois de plus, au personnel soignant qui, bravant le danger de la contamination et par-delà les armures de protection et les mille et une précautions à prendre, continue à transmettre, à travers chaque geste et chaque soin dispensé, amour et réconfort, médicaments universels du corps et de l’âme.
Article publié dans L’Orient-Le Jour le 10 avril 2020.