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Le Liban au cœur de la mission de la Fondation Pierre Fabre et de l’Ordre de Malte

La relation entre l’Ordre de Malte au Liban et la Fondation Pierre Fabre ne date pas d’hier. Née à la fin du siècle dernier, elle a été bâtie sur des piliers fondamentaux de confiance, de complémentarité, et dans un souci commun d’excellence. Elle s’est consolidée au fil des années, pour enfin se sceller en 2020 par un partenariat, traduit par un plan triennal, au service des plus démunis.

C’est au cours des années 80 que l’Ordre de Malte, pour répondre aux immenses besoins engendrés par le conflit armé qui faisait rage dans toutes les régions du Liban, a créé ses 10 centres médico-sociaux répartis sur l’ensemble du territoire. Il s’agissait de dispenser, notamment dans les zones les plus reculées, les soins de santé primaires aux populations qui en étaient privées en ces périodes de pénurie. Cette action sanitaire s’est poursuivie dans le temps, s’affinant et se professionnalisant pour répondre au mieux aux besoins des plus nécessiteux.

La Fondation Pierre Fabre, reconnue d’utilité publique, a quant à elle pour objet d’apporter son concours afin que l’accès aux soins de santé soit reconnu aux communautés les plus fragiles des pays en développement et aux populations plongées dans des situations de crise humanitaire liées aux conflits ou aux catastrophes naturelles, et ce de manière désintéressée, indépendante et dans un but strictement humanitaire.

Les missions des deux entités se rejoignent donc avec un objectif commun : soigner les personnes les plus vulnérables dans le respect de leur dignité et de leurs différences.

 

Soutien au centre de Khaldieh

L’engagement de la Fondation Pierre Fabre au Liban trouve ses racines dans les années qui suivent la fin de la guerre, lorsque M. Pierre Fabre prend l’initiative de soutenir, à titre personnel, l’action de l’Ordre de Malte au Liban, à travers son centre médico-social de Khaldieh, dans le caza de Zghorta (Liban-Nord). Cet engagement financier sera relayé dès 2002 par la Fondation Pierre Fabre, et renouvelé depuis chaque année.

Bénéficiant aux habitants du nord du pays, le centre de Khaldieh propose des soins de santé primaires et une aide sociale indispensables dans une zone rurale particulièrement reculée et précaire. À partir de 2012, le centre, situé à moins de 40 km de la Syrie, constitue le point de chute de nombreux réfugiés syriens et irakiens et s’attelle à répondre à une nouvelle crise humanitaire, délivrant, outre les soins gratuits et les médicaments, des kits de première nécessité, de la nourriture pour bébé, des vêtements ou encore des produits d’hygiène.

 

Unité médicale mobile dans la Békaa

Au-delà du prolongement fidèle à l’engagement initial de M. Pierre Fabre, la fondation décide d’accroître son soutien au Liban au regard de la situation du pays. Celui-ci, voisin de la Syrie avec laquelle il partage 375 km de frontière, connaît, en raison du conflit syrien, un afflux record de réfugiés : 1,2 million en juillet 2015 pour un pays de 4 millions d’habitants. Une situation qui crée d’importants déséquilibres, notamment sanitaires.

En réponse à cette crise, la Fondation Pierre Fabre et l’Association libanaise des Chevaliers de Malte (ALCM) s’unissent avec la signature d’une convention (renouvelée en 2018) pour la création dans la Békaa-Ouest d’une unité médicale mobile (UMM) qui fournit une assistance médicale entièrement gratuite, tant aux réfugiés syriens qu’à la population locale vulnérabilisée, avec pour hub le centre médico-social de l’ALCM à Kefraya.

Outre les consultations et la délivrance de médicaments, les patients de l’UMM qui le nécessitent bénéficient d’un transfert vers le centre médical de l’ALCM à Kefraya ou vers un hôpital de la région, assorti d’une prise en charge totale des frais médicaux. Servie par une équipe médicale professionnelle dans le respect des valeurs communes aux deux institutions, l’action de l’UMM met l’accent sur l’accueil et la compréhension des besoins, et donc sur l’humanité et l’établissement de liens de confiance avec les patients qui frappent à sa porte.

 

Programme de réformes

En 2019, inquiète de la dégradation de la situation sanitaire du pays – aggravée par la faillite économique et l’épidémie de Covid-19 –, la fondation élabore avec l’ALCM un programme de réformes étalé sur 3 ans (2020-2022), qui ambitionne : d’améliorer l’adéquation entre l’offre médicale et les besoins de la population, à travers notamment le recrutement de personnels médicaux et paramédicaux, la formation et la spécialisation des centres ; de conforter la qualité des actes médico-sociaux (200 000 par an) et de renforcer la gestion pharmaceutique et le contrôle qualité des médicaments distribués ; de développer le dépistage et la prise en charge précoce des malades ; et enfin d’amorcer une veille épidémiologique, en coopération avec l’Université Saint-Joseph.

Le partenariat entre la Fondation Pierre Fabre et l’Ordre de Malte repose ainsi sur l’exigence médicale et l’éthique scientifique, afin de fournir à la population du pays des soins de haut niveau dans un environnement adapté et apaisant au sein de ses différentes structures médicales.

La fondation secondera par ailleurs l’association libanaise dans son entreprise de consolidation de sa gouvernance. En effet, avec 10 centres de soins de santé primaire, 6 unités médicales mobiles, 2 centres d’accueil pour les personnes lourdement handicapées, un centre d’éducation thérapeutique pour enfants IMC, 3 centres de jour pour les personnes âgées, des centaines de salariés, 300 jeunes bénévoles locaux et plus de 1 200 volontaires de 20 nationalités différentes qui agissent sur le terrain, l’ALCM représente un acteur incontournable dans le dispositif actuel de soins au Liban. Cependant, après 60 ans d’existence et d’efforts pour s’adapter dans l’urgence aux multiples crises qui se sont succédé, cette structure nécessite aujourd’hui une reconfiguration à même d’harmoniser et d’optimiser l’action de son important réseau médico-social.

Ce réseau réparti sur tout le pays fournit un large éventail de soins, allant de la médecine générale au laboratoire, en passant par la gynécologie, la cardiologie, la pédiatrie, l’ophtalmologie, l’orthopédie, la pneumologie, l’ORL, la dermatologie, la gastro-entérologie, l’urologie, l’endocrinologie, la neurologie, la radiologie ainsi que la vaccination, la petite chirurgie et les soins, la médecine dentaire, l’échographie et doppler, la physiothérapie et l’audiométrie.

Cette collaboration entre les deux institutions est donc essentielle en ce qu’elle contribue et participe tout à la fois à une évolution du dispositif des centres de santé primaires et de la notion de prestations de qualité au Liban à l’attention des plus démunis, et même d’une classe moyenne déchue, en quête de l’excellence à laquelle elle a été habituée dans le secteur privé. Elle revêt une importance d’autant plus particulière dans le contexte qui prévaut aujourd’hui au pays du Cèdre, qu’elle offre des repères à une population appauvrie et fragilisée et place toujours l’homme au cœur de son action : une démarche primordiale, notamment en cette période cruciale que vit le Liban.

Le soutien d’une institution de l’envergure et de la réputation de la Fondation Pierre Fabre arrive ainsi à point nommé pour réaffirmer l’impérieuse nécessité de soutenir, face à ses démons, ce pays-message, symbole d’ouverture, de résilience et de coexistence, et dont la population a plus que jamais soif d’humanité, de solidarité et d’espérance.

 

Article paru dans L’Orient-Le Jour le 23 juillet 2020.