« Raconte-nous… comment vas-tu ? »
Face à la dure réalité que vit actuellement le Liban et à ses répercussions négatives sur la société dans son ensemble, l’ordre de Malte Liban, en collaboration avec l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), a lancé la campagne de santé mentale « Raconte-nous… comment vas-tu ? ».
Cette campagne, financée par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), avec le soutien de Malteser International (MI), s’appuie sur la collaboration de médecins et psychiatres issus de l’université et de l’association.
Cette campagne vise à combattre les préjugés sur les maladies mentales qui entraînent stigmatisation et marginalisation des personnes atteintes. Elle cherche également à sensibiliser sur l’importance de ne pas hésiter à demander une assistance psychologique spécialisée, à avoir recours au médecin de famille ou aux centres de santé primaire, à partager et évoquer les peurs et les angoisses avec la famille et les amis, surtout à l’ombre de l’impact post-traumatique du cumul des crises que traverse le Liban, notamment après l’explosion du port de Beyrouth et l’exacerbation aiguë de la crise économique, sans oublier les conséquences du confinement subi depuis plus d’un an.
L’étape préliminaire du plan d’action de l’ordre de Malte Liban s’est traduite par un travail de terrain pour évaluer la situation et l’état mental de la population face à l’effondrement économique, sanitaire et social du pays. Les différents témoignages ont ensuite été communiqués à des experts en santé mentale à l’USJ qui ont cerné six conditions ou symptômes incarnant les principaux troubles dont se sont plaints les Libanais, et autour desquels gravite cette campagne : la dépression, l’anxiété, l’insomnie, les comportements inadaptés, les troubles divers et les troubles émotionnels et de comportement chez les enfants et les adolescents (hyperactivité, interaction avec les parents, manque de concentration, absence de communication avec les autres suite à l’enseignement à distance et l’usage excessif des outils technologiques, manque d’une routine quotidienne équilibrée).
Ces situations sont illustrées par six spots vidéo de sensibilisation qui exposent les inquiétudes des personnes interrogées et prodiguent des recommandations ciblées afin d’y remédier. Des discussions approfondies se tiennent également dans le cadre d’émissions télévisées au cours desquelles spécialistes et médecins livrent leurs conseils et solutions et évoquent les moyens d’affronter les difficultés inhérentes aux différents symptômes observés.
Au-delà de la sensibilisation, la campagne propose également aux personnes souffrant de troubles mentaux de s’adresser à l’un des neuf centres médico-sociaux de l’ordre ou aux centres partenaires. Les services relatifs à la santé mentale y ont été développés, et la personne souffrant de maladie mentale peut désormais faire appel à un personnel soignant qui est à son écoute pour l’aider et, en cas de nécessité, la référer à des spécialistes.
Le professeur Sami Richa, chef du service de psychiatrie à l’Hôtel-Dieu de France, a salué à travers cette campagne « le solide partenariat qui lie l’USJ en tant qu’institution académique active à l’ordre de Malte Liban, et qui représente la pierre angulaire de la conjonction des efforts déployés dans le cadre du travail de terrain, de santé et du travail social et humanitaire d’une part, et du travail dans le secteur médical spécialisé d’autre part, dans le but de renforcer la sensibilisation sur le concept de santé mentale et psychologique considérée comme partie intégrante de la santé corporelle et physique ».
Le fait que cette campagne cible la société dans sa diversité traduit clairement, selon le Dr Richa, « le rôle fondateur de l’USJ et sa responsabilité sociale, puisqu’elle met ses connaissances et compétences médicales au service de toutes les composantes de la société libanaise, dont elle perçoit les multiples pressions psychologiques et les souffrances ».
« L’être humain est au cœur de la mission de l’ordre de Malte, qui a toujours été à l’écoute de la souffrance, de quelque nature qu’elle soit, affirme quant à elle Oumayma Farah, directrice du département de communication et de relations publiques de l’ordre de Malte Liban. Son rôle est aujourd’hui plus que jamais essentiel, alors que le secteur de la santé ploie sous la pression quotidienne qui s’exerce sur le corps médical et hospitalier, qui subit à la fois une pandémie meurtrière, une vague d’immigration exceptionnelle des médecins qualifiés et une grande difficulté d’accès aux médicaments. Cette campagne s’ajoute donc à une multitude d’initiatives que l’ordre a développées en complément de ses services de santé, sociaux et humanitaires, et cela pour répondre au mieux aux besoins accrus d’une population en proie à une misère rampante et à d’innombrables contraintes qui accroissent la pression psychologique et la laissent en plein désarroi. »