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Chabrouh, « la Maison de l’amour »

Alors que le soleil se couche sur le centre de Chabrouh en ces magnifiques journées d’automne, les murs de l’impressionnante demeure qui surplombe fièrement sa cour abritent des émotions sincères et authentiques. Cette année, le projet de Chabrouh célèbre deux décennies de soutien inconditionnel et de dévouement de volontaires libanais et étrangers envers leurs invités, souvent marginalisés et oubliés en raison de leur handicap – infirmité motrice cérébrale, syndrome de Down, autisme, épilepsie… –, et qui ont tant besoin de se sentir aimés.

Chabrouh a été surnommé « la Maison de l’amour », tant les émotions qu’on y ressent sont bouleversantes. On y apprend vraiment à aimer et être aimé. Mais c’est aussi la maison des célébrations, avec de réelles émotions qui transparaissent à travers les acclamations, les rires et les danses d’une foule qui vibre à l’unisson.

Quand on observe l’activité du centre, on y voit de jeunes gens enjoués prenant soin des invités à besoins spéciaux, mais surtout ces derniers, transportés de joie, évoluer tranquillement et sans souci dans les jardins ensoleillés. N’est-ce pas là la preuve du pouvoir de l’amour à transcender la souffrance et la solitude ?
Explorer les origines des camps de Chabrouh permet de comprendre l’esprit de ce projet, qui a vu le jour grâce à un jeune volontaire allemand visitant le Liban en 1997. Touché par la sévérité des cas de handicaps mentaux et physiques qu’il a rencontrés au cours de son séjour, il a saisi l’importance d’offrir de l’amour et des soins à ces personnes rejetées par la société, afin de restaurer leur dignité. Quelques années plus tard, de jeunes volontaires libanais, profondément émus de ce grand geste, ont suivi son exemple, plongeant de plain-pied dans cet ambitieux projet, pour en arriver à organiser annuellement 26 camps d’une semaine chacun.

Alors que les camps prenaient leur élan et rencontraient une reconnaissance mondiale, le bâtiment de Chabrouh, remis à neuf et aménagé en un établissement doté d’équipements de pointe, jouissait du soutien grandissant et de la contribution internationale des Jeunes de l’Ordre de Malte, réunissant 14 délégations de 8 nationalités différentes. Des camps tchèques, suisses, allemands, italiens, britanniques, hollandais et espagnols se sont donc succédé tout au long de l’année, avec de jeunes volontaires qui attendaient avec impatience et enthousiasme leur séjour au pays du Cèdre.
La vision du projet se base sur la relation individuelle qui s’instaure entre un volontaire et un invité, créant par là même un lien unique à travers la chaleur humaine, les soins prodigués et l’amour. Recevant annuellement plus de 900 volontaires venus du monde entier pour soulager la souffrance de plus de 600 invités libanais handicapés, les camps de Chabrouh représentent pour tous un pont éducationnel pour le renforcement de la foi, de la confiance en soi, de la tolérance et du respect des autres. C’est une expérience spirituelle qui transforme réellement la vie des volontaires, qui rentrent dans leur pays emportant avec eux des souvenirs poignants.

Avec le temps, le centre continue à prendre de l’ampleur, tant sur le plan de la taille que sur celui de l’importance. Initialement activé par les Jeunes de l’Ordre de Malte Liban, il représente aujourd’hui un flambeau multigénérationnel et international, rassemblant au cours de ses camps parents, enfants et amis du monde entier. Il réunit par ailleurs des Chevaliers et Dames dans l’esprit de service et selon la devise de l’Ordre Tuitio fidei et Obsequium pauperum.
Un esprit exceptionnel rayonne de ces camps durant lesquels des Chevaliers et Dames allemands, hollandais et britanniques, avec les volontaires de Caravane, déambulent dans l’établissement, tenant nos Seigneurs les malades par la main ou poussant leur chaise roulante sur les rampes. Ces voyageurs ont choisi de dédier, à travers ces camps, une semaine entière de leur vie afin de venir au Liban choyer nos invités à besoins spéciaux, et leur prodiguer amour, attention et contact humain. Même les « Mamas » – âgées de plus de 65 ans – venant de leurs pays respectifs rejoignent les camps pour offrir aux invités une cuisine traditionnelle.

La relation qui s’établit entre ces voyageurs internationaux et les invités du centre est profondément émotionnelle et spirituelle, au sein de camps animés, remplis d’activités, de musique et de rires. Le camp des vétérans hollandais et britanniques clôture la série de délégations qui ont défilé à Chabrouh. Ce qui avait débuté avec quelques volontaires en 2011 a évolué en un camp à part entière des deux pays. Depuis 2012, ils reviennent chaque année pour insuffler de la joie, exprimer leur engagement et prendre soin de nos Seigneurs les malades, leur faisant vivre de nouvelles expériences et sorties.

Franz, 65 ans, participe pour la seconde année consécutive au camp des Chevaliers et Dames. « J’avais d’abord entendu parler de Chabrouh à travers mon fils et ma fille, qui avaient tous deux participé plusieurs fois aux camps par le passé. Ils étaient rentrés transportés de joie et d’émotion. Je me suis dit que cela était absolument fascinant, et que je devais tenter la même expérience. Je suis ici depuis 5 jours avec mon invité Charbel, et je sais déjà que je reviendrai l’année prochaine. »

Camilla, 59 ans, est à Chabrouh pour la première fois. « J’ai entendu parler de Chabrouh à travers des amis qui étaient venus quelques années plus tôt. Mon fils est aussi venu à Chabrouh, et je peux vous assurer que cette expérience a bouleversé sa vie. Étant donné que mon mari et mon fils souffrent tous deux de handicaps, Chabrouh n’a pas été pour moi une expérience nouvelle. Toutefois, je souhaitais faire partie de la communauté de Chabrouh, prier et partager le pouvoir de la foi avec d’autres, et communiquer amour et soutien à ceux qui en ont besoin. C’est un grand honneur d’être ici. »

Johanna, 38 ans, vient à Chabrouh depuis 13 ans. « Je préfère passer mes vacances ici plutôt que de voyager vers d’autres destinations. Mes filles et mon mari m’accompagnent depuis plusieurs années. C’est une expérience extrêmement épanouissante pour toute la famille. »

Charbel, un jeune homme de 26 ans souffrant de handicaps physique et mental, m’a dit un jour : « Chabrouh est ma maison ; je m’y sens aimé et en sécurité. »

Ces mots touchants reflètent l’essence même du projet et l’assurance de sa pérennité.