coexistence

Des jeunes chrétiens et musulmans répandent la joie de Noël dans Beyrouth

Doreen Abi Raad • Catholic News Service • Posted December 10, 2018 BEIRUT (CNS) Beyrouth

Par un sombre et pluvieux samedi matin à Beyrouth, Julia, 92 ans, reçoit chaleureusement ses visiteurs, de jeunes chrétiens et musulmans venus installer un arbre de Noël dans son modeste appartement.

« Bienvenue ! Je vous aime », dit-elle, tout sourire, à ses invités, qui l’embrassent avant d’entamer en chœur « Jingle Bells ».

Julia, catholique maronite, fait partie des 10 bénéficiaires du projet de décoration d’arbres de Noël auprès des personnes âgées défavorisées, lancé conjointement le 8 décembre par les volontaires de l’Association libanaise des Chevaliers de Malte (catholique) et de l’association Who is Hussein (musulmane chiite), en collaboration avec les guides de Saint-Vincent-de-Paul.

Veuve depuis 40 ans, Julia vit avec Nicolas, son fils célibataire de 66 ans, qui a des difficultés à trouver un emploi dans son métier de peintre en bâtiment.

Au Liban, l’État n’assure pas de prestations sociales en faveur des personnes démunies. Julia est l’une des bénéficiaires du programme de parrainage des personnes âgées lancé par l’Association libanaise des Chevaliers de Malte, dans le cadre duquel les jeunes volontaires de l’Ordre effectuent des visites à domicile mensuelles auprès des personnes âgées.

Et ce jour-là, Julia se réjouit du traitement royal qu’on lui prodigue, installée à la fenêtre de son balcon, au rez-de-chaussée, pendant que ses visiteurs s’occupent avec enthousiasme à mettre en place l’arbre, démêler les guirlandes de lumières et accrocher les décorations brillantes et colorées, tout en chantant « Gloria in Excelsis Deo ».

« Jésus-Christ nous a appelés pour donner de la joie aux gens et aider à rendre leur vie plus agréable, dit Léa Chalhoub, guide de 17 ans, à Catholic News Service, en décorant le sapin de Julia. Le Liban est un pays où musulmans et chrétiens coexistent, et nous devons travailler main dans la main pour bâtir une société meilleure. »

« Jésus veut que nous aidions les autres, particulièrement à Noël », ajoute Théa Rizkallah, 8 ans.

Passant en mode divertissement, certains dansent au rythme des chants de Noël diffusés à partir d’un téléphone. Applaudissant et chantant en chœur, Julia ne peut bientôׅt plus résister, entraînée dans la farandole et faisant danser horizontalement sa canne, telle une star de music-hall.

« Mes jambes et mes bras ne sont plus très forts », s’excuse Julia, terminant sa danse en position assise, tapant avec sa canne au rythme des notes.

Puis, choisissant parmi un méli-mélo de produits d’une boîte posée à ses côtés, Julia demande à se faire vernir les ongles. Une des volontaires, Zahraa Omeiry, applique le vernis Bordeaux festif comme une caresse sur chaque doigt, toujours au son de la musique. Un des voisins, passant dans la rue, chargé de paquets, s’arrête pour observer les festivités à travers la fenêtre, plaisantant avec une Julia toute fière d’arborer ses ongles peints : « C’est ton mariage ? »

Parmi les visiteurs de Julia, Zahraa et sa cousine, Nour Omeiry, toutes deux musulmanes chiites, étudiantes en sciences politiques à l’Université Saint-Joseph, ont récemment rejoint le groupe de l’Ordre de Malte.

« Il est très important d’aider les plus démunis, de faire sourire les gens », déclare Nour Omeiry à Catholic News Service.

« Nous sommes tous humains, et nous devons vivre ensemble », affirme-t-elle au sujet de la coexistence islamo-chrétienne. « C’est magnifique de nouer des liens et de partager quelque chose que nous aimons tous faire », ajoute-t-elle. Comme bon nombre de musulmans au Liban, sa famille célèbre Noël par un repas familial autour d’un petit sapin.

Avec une crèche posée sous ses branches, l’arbre de Julia est illuminé sous les acclamations, avant que jeunes et moins jeunes n’entonnent en chœur « Feliz Navidad ».

« Je rends grâce à Dieu ! Vous valez de l’or ! » dit Julia à ses visiteurs.

Nicolas, resté silencieux sur le balcon pour permettre à sa mère de savourer l’attention qu’on lui porte, déclare à CNS, les yeux pleins d’émotion : « Je suis reconnaissant que Dieu nous ait bénis à travers cette visite. Je suis serein quand je vois ma mère si heureuse. »

L’Association libanaise des Chevaliers de Malte gère un réseau de 30 opérations différentes sur l’ensemble du territoire libanais, notamment des centres médico-sociaux, des unités médicales mobiles et des centres de jour pour les personnes âgées.

L’ONG libanaise Who is Hussein organise, elle, des activités telles que porter des fleurs aux malades et aux personnes démunies dans les hôpitaux, de même qu’elle assure une distribution de nourriture durant le mois de ramadan et lors des « 10 jours de bonté » des célébrations de la Achoura.

Des jeunes des deux groupes ont par ailleurs collaboré en servant des iftars (repas de clôture du jeûne) aux personnes âgées défavorisées, durant le mois de ramadan.

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Journée mondiale des pauvres, 18 novembre 2018

“Un pauvre crie, le Seigneur l’entend”

L’Ordre de Malte répond à l’invitation du pape François à participer activement à cette deuxième Journée mondiale des Pauvres. Le cri de l’homme pauvre peut être celui d’un homme en situation de pauvreté d’esprit ou de corps. Tout au long de son histoire, l’Ordre a répondu à cet appel à l’aide des personnes démunies. C’est ce cri qui anime les milliers de membres et bénévoles de l’Ordre.

Tout autour du monde, nous offrons une aide médicale et sociale aux personnes défavorisées et désespérées sur les six continents, nous soutenons les victimes de catastrophes naturelles, nous apportons du réconfort aux pauvres d’esprit. Dans les 120 pays où nous sommes présents, nos efforts continuent sans relâche pour servir les personnes dans le besoin.

Au Liban, l’Ordre gère actuellement un ensemble de 30 opérations différentes au travers duquel il assiste et soutient, sur l’ensemble du territoire libanais, ceux que la vie n’a pas favorisés, avec amour, dignité et dans le respect de toutes leurs différences, mettant en œuvre des programmes humanitaires en coopération avec toutes les communautés religieuses et devenant ainsi, au travers de son action, un acteur d’amour, de paix et de coexistence.

Aujourd’hui n’est pas un jour différent des autres, si ce n’est que nos organisations autour du monde s’unissent à sa Sainteté elle-même dans la prière et l’action afin de marquer l’exigence d’un effort collectif pour réduire la pauvreté.

Ensemble, amenons le monde à prendre conscience du terrible pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté, dans l’espoir que nous continuerons à changer les choses. Nous devons continuer.

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